L’oiseau n’a pas de rancune, il a des ailes*.
Pour commémorer la disparition brutale de François Kretz qui fut maire de Sélestat comme lui, Marcel BAUER, a organisé un hommage officiel au cimetière de Lièpvre, le 27 décembre 2017.
Il n’avait pas jugé utile de rendre hommage à Gilbert Estève, son éminent prédécesseur élu, disparu lui aussi brutalement, en 1996. Il faut dire que contrairement à Pierre Kretz, Gilbert Estève n’était pas de la famille politique de l’actuelle municipalité sélestadienne. Heureusement que les amis politiques de Gilbert Estève se sont chargés d’organiser en 2016 un rassemblement citoyen autour de sa stèle, à côté de la Médiathèque et près du FRAC, deux établissements que nous lui devons, tout comme les Tanzmatten. Ce maire visionnaire aura fait beaucoup pour favoriser l’ouverture culturelle et l’accès aux arts ; il a transformé la ville de Sélestat et son image, et a imposé sa vision, porté par des administrés qui l’admiraient au point de le réélire avec plus de 71% en 1995.
Opposants très minoritaires, Marcel Bauer, Roger Weber et Eugène Griesmar ont eu du mal à faire entendre leurs voix… Et c’est sans doute la raison pour laquelle Marcel Bauer, dont on connaît la rancune, n’a pas estimé nécessaire de commémorer le décès de Gilbert Estève en 2016.
La malveillance, la jalousie, les secrètes rancunes se cachent sous la rondeur souriante.
Citation de Henri-Frédéric Amiel ; Journal intime, le 19 février 1878.
En rendant hommage à François Kretz, défunt maire qu’il appréciait, Marcel Bauer a en revanche commis une autre indélicatesse en n’invitant pas Roger Weber, qui fut pourtant son compagnon d’opposition dans les années difficiles. Roger Weber, successeur de François Kretz, n’a pas apprécié cette négligence et l’a fait savoir publiquement, le 31 décembre. Nous ne résistons pas à l’envie de partager son amertume ici.
« J’ai appris de façon inopinée qu’une cérémonie avait été organisée le mercredi 27 décembre dernier en mémoire de François Kretz pour l’anniversaire de sa disparition brutale il y a maintenant 30 ans.
J’ai eu la chance d’être choisi par François Kretz comme colistier aux élections municipales de 1983 ; il m’avait confié le poste d’adjoint à l’économie et au tourisme, domaines qu’il considérait comme stratégiques et où il souhaitait avoir une personne partageant la même vision que lui.
Nous avons formé un duo très soudé, d’autant plus que nous venions de la même famille politique. Son décès a été pour nous tous une vraie tragédie, et à titre personnel, un traumatisme.
Je ne reviendrai pas sur les péripéties de sa succession, du moins pas aujourd’hui, car beaucoup de contre-vérités ont été dites, et pour sa mémoire, et peut-être pour l’histoire, il faudra un jour que la vérité sorte.
Je n’ai jamais oublié ce compagnon avec qui j’ai eu la chance de partager beaucoup de quotidien ; nous avons souvent disserté sur l’avenir et les enjeux socio-économiques de notre Alsace ; j’ai admiré l’intelligence éclectique de cet homme, humaniste dans la tradition de Beatus Rhenanus ; nul doute qu’il serait devenu l’une des grandes figures de l’Alsace ; je garde en moi l’empreinte d’une personne exceptionnelle, et j’ai finalement accepté de lui succéder avec beaucoup d’humilité.
J’aurais aimé être invité à cet hommage, parce que nous étions proches, mais aussi pour des raisons simplement légitimes, j’ai été son successeur, et qui plus est de la même famille politique.
Je tiens à souligner que mon absence n’est pas de mon fait, et sans l’information communiquée par mon beau-père, le docteur Naudo, j’ignorerais encore aujourd’hui l’existence de cet hommage.
Je tiens par la présente à m’associer aux sentiments de sa famille, de ses enfants en particulier, mais aussi de son frère et de tous ceux qui l’ont aimé.
Je voudrais dire, pour terminer, que cette rencontre et cette expérience municipale font partie des moments les plus riches de ma vie, et je remercie vivement tous ceux qui m’ont permis de les vivre. »
Roger WEBER , publié le 31 décembre 2017 dans les DNA / Photo L’Alsace du 28 décembre 2017
*Titre : Citation de Anne Barratin De vous à moi (1892)
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